Une rando, trois lacs et de splendides panoramas : direction Gourette et la petite vallée du Valentin, en vallées d'Ossau...
Le Béarn est assurément une terre aux multiples visages. Formant avec le Pays Basque le département des Pyrénées-Atlantiques, il est composé sur sa partie montagneuse de deux vallées majeures : vallée d’Aspe et vallée d’Ossau. Les paysages y sont majestueux, verts et préservés, et la biodiversité d’une valeur inestimable, protégée officiellement par la création il y a plus de 50 ans du parc national des Pyrénées. Son pic le plus symbolique n’est autre que le « Jean-Pierre », le pic du Midi d’Ossau : ses 2884 mètres dominent tout le Béarn jusqu’à sa ville capitale : Pau.
À la puissance de ses gaves, alimentés par les pluies et la fonte des neiges, s’oppose le calme de ses prairies d’altitude, où paissent brebis, chevaux et autres ruminants. Les vallées sont occupées par de beaux villages typiques, de pierre et d’ardoise : mon souvenir le plus fort est Lescun, perché en vallée d’Aspe au pied d’un cirque de toute beauté. Comme j’aime me balader dans ces villages béarnais… Plus bas se trouve le piémont, terre de collines verdoyantes aux panoramas magiques, puis les vignobles : Jurançon, Madiran, pour ne citer qu’eux, accompagnent à merveille les plats du sud-ouest.
C’est dans cette région diversifiée et réputée que nous avons choisi de passer quelques semaines en juillet 2023. Une période parfaite pour partir explorer les Pyrénées béarnaises, et en particulier la vallée d’Ossau. Le temps de grimper vers les sites les plus recommandés, parmi lesquels la fameuse rando des lacs d’Ayous, un incontournable… Puis nous partons vers d’autres chemins, moins connus, plus intimes, qui font également la beauté et l’unicité de la chaine pyrénéenne. Et en cette belle journée de fin juillet, nous faisons route vers Gourette pour admirer trois lacs qui n’ont rien à envier à leurs voisins : les lacs d’Uzious, du Lavedan et d’Anglas… Forcément, je ne pouvais pas laisser mes photos vieillir comme cela sur mon disque dur : un petit article de blog s’imposait.
Bonne lecture !
Une randonnée magnifique en haut-béarn
Informations pratiques :
Gourette est située entre les Eaux-Bonnes et le col d’Aubisque, à la frontière entre les Pyrénées-Atlantiques et les Hautes-Pyrénées. Pour y accéder, compter une heure de route environ depuis Pau et Oloron-Sainte-Marie. Connue en tant que l’une des stations de sports d’hiver majeures des Pyrénées, elle est située sur le GR®10. Le tracé de cette randonnée suit le GR®10 sur près de la moitié du parcours, après avoir remonté la superbe vallée du Valentin menant aux lacs d’Uzious et du Lavedan.
Distance : 12 kilomètres
Dénivelé : 1100 mètres
Nous stationnons au parking de la place d’Anglas, qui donne directement sur les sentiers de randonnée. Le GR®10 passe précisément ici, les balises blanches et rouges sont disséminées de part et d’autre de la route d’accès. Il faut être vigilant à suivre le GR® dans le bon sens pour prendre la bonne direction dès le départ : aller vers le sud-est, traverser le ruisseau du Cardet et se diriger vers le bois de Saxe.
Nous partons avec le brouillard, mais nous savons que c’est provisoire : en traversant la couche de nuages bas qui a envahi la vallée, nous serons très bientôt sous un beau ciel bleu. Le bois de Saxe est très agréable, le Valentin l’irrigue à plein régime et nous nous trouvons très vite dans un espace calme et sauvage. Pourtant, au parking, les randonneurs et autres trekkeurs affluaient. La forêt nous fait petit à petit perdre les gens de vue, et plus haut, nous les quitterons définitivement : l’itinéraire classique de randonnée depuis Gourette file vers le lac d’Anglas, que nous ne découvrirons qu’en cours d’après-midi. Les lacs d’Uzious et du Lavedan sont, eux, moins accessibles et beaucoup moins fréquentés.
Sortis du bois de Saxe, nous continuons plein sud vers le plaa de Batch. L’estive est splendide, le soleil nous chauffe désormais et nous nous régalons de ce début de journée. La pente est régulière. Nous marchons sur un large chemin jusqu’à hauteur des cabanes de Coste de Goua, puis sur un petit sentier. Laissant le GR10 sur notre droite, nous poursuivons en suivant le Valentin, plein sud, vers un joli cirque.
Petit à petit, la végétation diminue en taille. Nous avançons parmi les prairies et quelques bêtes. les montagnes sont si imposantes face à nous… Nous sommes entourés de sommets culminant à 2200 voire 2400 mètres d’altitude. Le cirque de Gourette se dévoile devant nous et semble infranchissable alors que nous avançons face à lui, sur un replat. Le décor est splendide.
Nous savons que nous devrons franchir ces montagnes peu enclines à nous laisser passer. Nous cherchons le sentier des yeux au fur et à mesure que nous progressons. Aucun doute : c’est tout droit ! La pente devient sévère, mais la montée n’est pas difficile.
La fin de l’ascension est un peu plus technique. Il est nécessaire de suivre un sentier aménagé dans la roche, d’abord sur des marches, puis le long d’une ancienne conduite forcée. La pente est raide et il faut s’aider des mains. Ce passage est à éviter par temps humide, les roches pouvant devenir glissantes et dangereuses. La pente est en effet abrupte et le risque de chute dans ce contexte deviendrait important. Pour nous, aucun problème : la roche est sèche, le soleil au rendez-vous. Nous prenons notre temps, marchons de part et d’autre de la conduite à la recherche du passage le plus aisé.
Après la conduite, la pente s’atténue. En se retournant, la vallée du Valentin se dévoile dans toute sa splendeur ! Le passage que nous venons de suivre est impressionnant vu d’en haut, mais il n’est pas difficile. Nous voyons loin, presque tout le chemin parcouru jusqu’ici à travers la vallée. Gourette semble encore cachée sous un manteau gris : la mer de nuages recouvre le bas des vallées béarnaises.
Ces lieux magnifiques nous offrent de très belles images et de beaux moments à vivre. Chaque petit détail nous ravit, à l’image des nombreuses fleurs parsemées sur le bord des sentiers. Chardons et rhododendrons sont les plus simples à identifier. D’autres nous resteront mystérieuses. Rose, violet, jaune, rouge, bleu… Il y en a pour tous les goûts.
Néanmoins, nous avons aussi hâte de découvrir les étendues bleues des lacs d’Uzious et du Lavedan, que nous convoitons depuis ce matin. Et cela tombe bien : Nous arrivons au premier cité.
Le lac d’Uzious culmine à 2115 mètres. Sa teinte bleutée et ses reflets nous séduisent aussitôt, tout comme l’environnement dans lequel il se situe : des espaces colorés, sauvages, et plus ouverts, seulement bouchés par les crêtes de la frontière avec l’Espagne. Le paysage nous plait énormément ! Et nous nous installons pour une agréable pause au bord de l’eau, écoutant les doux clapotis des vaguelettes.
Après cette pause bienvenue, car consécutive aux plus de 700 mètres de dénivelé positif effectués, nous reprenons notre marche et la montée vers le second lac de la journée. Quelques minutes à peine suffisent à relier à pied les deux étendues d’eau : le lac du Lavedan se situe juste au-dessus, à 2179 mètres d’altitude.
Si le lac d’Uzious est déjà splendide, le lac du Lavedan ressemble au paradis ! Et c’est en prenant un peu de hauteur, en direction du col d’Uzious, que la beauté presque poétique du lieu prend tout son sens. Le panorama sur les deux lacs vaut le détour ! Le pic d’Anglas trône fièrement au second plan, au sommet d’un ensemble rocheux aux dimensions impressionnantes et aux multiples coloris.
En redescendant sur les bords du lac du Lavedan, sur un sentier peu fréquenté, nous dérangeons quelques membres de la faune montagnarde qui se donnent en spectacle et nous offrent eux aussi de belles images. Que dire de cette marmotte cachée derrière un talus de chardons ? Elle nous observe, avertit ses congénères d’un sifflement aigu, avant de déguerpir dans son terrier tout proche. Nous sommes ici sur son territoire, et partons, désolés de l’avoir dérangée.
Sur les pentes herbeuses du lac du Lavedan, le long d’un joli torrent, ce sont pas moins d’une quinzaine de chevaux que nous croisons. Eux viennent s’hydrater avant de repartir paitre un peu plus haut. Ils ne semblent pas surpris de notre présence, même si le lieu semble peu fréquenté par les bipèdes.
Et pour cause, le chemin s’élève à nouveau. La suite s’annonce ardue : la Hourquette d’Arre, col le plus haut de cette partie occidentale du GR®10, se dresse devant nous. Elle semble éloignée et surtout, bien plus haute que nous. Et pourtant, à peine 300 mètres de dénivelé nous séparent d’elle.
Nous nous arrêtons dans la montée pour un pique-nique ensoleillé. Les cumulus se font plus présents, leur ombre grandit sur les montagnes. Les contrastes obtenus donnent encore plus de grandeur à ces paysages. Difficile de ne pas se retourner, alors que la pente face à nous commence à nous fatiguer. Un magnifique sentier nous fait traverser ce vallon, d’abord dans les herbes, puis dans la roche. Le monde minéral nous entoure.
Nous faisons enfin la jonction avec le GR®10. La Hourquette d’Arre n’est pas sur notre parcours, mais nous y faisons un court détour. Au loin, le pic de la Sagette et la station d’Artouste. Il faudra aussi aller se balader par là-bas ! Il y a tant de choses à voir dans nos Pyrénées.
Mais pour le moment, nous attaquons une longue descente sur le sentier aux balises blanches et rouges. Un abri de pierres se trouve sur notre chemin, il doit être bienvenu lorsque le ciel se fâche. Nous ne sommes pas à plaindre, le soleil se montre toujours au dessus de nos têtes. Nous sommes un peu plus sceptiques sur ce qui se passe en dessous : les nuages remontent la vallée et vont bientôt nous avaler.
Quand soudain… Le lac d’Anglas apparait timidement. L’humidité, portée par le vent, nous masque tout d’abord la vue. Mais le lac finit par se dévoiler, jouant à cache-cache avec nous. D’abord minuscule, il se fait plus imposant alors que nous évoluons de plus en plus bas. Quelques lacets nous aident à franchir cette pente et à descendre vers le lac.
Les mines d'Anglas, une découverte marquante
À seulement quelques encablures de ses rives, nous passons devant des vestiges de pierre et trouvons des pièces de métal rouillé parsemées ici et là. À l’image des conduites que nous avons trouvées sur le chemin à l’aller. Cela peut étonner, à cette altitude et si loin de tout… Et pourtant ! La montagne détenait ici un trésor…
La présence de minerais fut découverte à Anglas à la fin du XIXe siècle. En 1881, des galeries commencent à être creusées. Du minerai de fer et du quartz argentifère étaient extraits de ces mines. Un chemin de fer aérien fut construit, avec des constructions en pierre, des poteaux, des poulies. Les wagons descendaient, chargé des résultats de l’extraction, jusqu’à Gourette. Restes de rails, de wagons… Les traces de ces mines d’Anglas, bien qu’ayant subi les années, sont toujours bien présentes. Une centaine de mineurs travaillait ici dans les années 1890, de mai à octobre. Une tentative d’hivernage eut lieu en 1882-1883, mais une avalanche tua 17 des 33 hommes alors présents. Les corps restèrent prisonniers de la neige durant le reste de l’hiver… Cette tragédie mit fin au travail hivernal dans ces mines.
L’activité du site fut stoppée en 1916, en raison notamment de son manque de rentabilité. Les vestiges des bâtiments abritant les mineurs longent le GR®10 et invitent désormais au souvenir de ces hommes qui travaillaient dans des conditions extrêmement difficiles, souvent au péril de leur vie. Le lac d’Anglas se veut calme, paisible et éblouissant de beauté. Sans doute pour rendre hommage aux mineurs ayant vécu en ces lieux…
Le lac d’Anglas est le plus connu des trois lacs visités aujourd’hui. C’est aussi le plus bas (2068 mètres) et le plus accessible : 4 h aller-retour depuis Gourette. Mais nous y arrivons vers 17h et la grande majorité des randonneurs l’ont déjà quitté, prenant le chemin du retour. Nous profitons de son calme et de la beauté du lieu. Plusieurs petites torrents alimentent le lac, dans une symphonie pleine de douceur. Nous savourons notre randonnée et ces découvertes fantastiques tout au long de la journée…
Nous quittons le lac charmés par cette randonnée béarnaise. Le chemin de retour, envahi par le brouillard, sera moins agréable. Nous descendons calmement, armés d’une boussole et des outils technologiques au cas où. Le balisage est bien présent, mais il faut bien-sûr rester vigilant dans ces conditions, et ne pas hésiter à revenir en arrière en cas de doute. Néanmoins, le sentier est globalement bien marqué.
Il nous faut une petite demi-heure pour rejoindre l’intersection avec le sentier pris à l’aller vers les lacs d’Uzious et du Lavedan. Nous n’avons pas de difficulté à rejoindre Gourette, malgré la fatigue de cette journée intense. Nous finissons par le bois de Saxe, une nouvelle fois pris dans la brume. A-t-il seulement vu la lumière aujourd’hui ? Rien n’est moins sûr… Comme nous avons bien fait d’aller chercher les rayons du soleil bien plus haut, entourés de paysages parmi les plus beaux du Béarn…
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À très bientôt pour de nouvelles découvertes !