Direction le piémont pyrénéen pour une randonnée automnale riche en couleurs à la découverte de la vallée de Lesponne et du château cathare de Roquefixade...
Le pays d’Olmes, dans lequel se situe le château de Roquefixade, est un territoire du piémont pyrénéen situé autour de Lavelanet, sa ville principale, et s’étend entre le massif calcaire longiligne du Plantaurel et le massif pyrénéen isolé de Tabe, qui culmine bien au-delà de 2000 mètres d’altitude. Cette région est dotée d’une riche histoire, notamment au Moyen-Âge : elle fut le théâtre de la tragédie cathare.
Cherchant une randonnée forestière afin de vivre une journée colorée, en cette mi-novembre qui annonce la fin de l’automne, je m’enchante d’avance d’apporter une importante touche historique à ma balade : Roquefixade est l’un des sites les plus connus parmi les châteaux cathares et le village est aussi un formidable balcon sur les Pyrénées. Vais-je apercevoir de la neige sur quelques sommets ariégeois majeurs ? Je m’en vais à la découverte des panoramas ouverts et très variés du pays d’Olmes !
Balade vers le château cathare de Roquefixade
Informations pratiques :
Roquefixade est située à 1h20 de Toulouse, 40 minutes de Pamiers et 25 minutes de Foix (en voiture). Il est possible de stationner en bas du village, face à la vallée de Lesponne : dès l’arrivée, impossible de ne pas être séduit par la vue splendide sur les Pyrénées !
Roquefixade est par ailleurs située sur le GR®367 : le fameux sentier cathare, qui pérégrine depuis Port-la-Nouvelle, dans l’Aude, jusqu’à Foix. Le parcours de ce GR® offre à l’itinérant une multitude de découvertes tant historiques que naturelles, de la Méditerranée aux Pyrénées, durant une douzaine d’étapes et 250 kilomètres. Les châteaux de Quéribus, Peyrepertuse, Puilaurens, Quillan, Montségur et Roquefixade, pour ne citer qu’eux, pourront être découverts sur le parcours. De quoi faire envie, non ?
De nombreux sentiers de randonnée à la journée sont balisés dans le secteur de Roquefixade, pour la plupart avec des numéros. Un livret recense ainsi 12 boucles au départ du village. En vente 3€ au gite d’étape du village et dans les offices de tourisme locaux. La boucle proposée ici suit en partie ces itinéraires (mais pas l’une des boucles en intégralité) : j’ai choisi de rallonger le parcours pour profiter des massifs forestiers, splendides en cette saison, et d’aller jusqu’au village voisin de Roquefort-les-Cascades pour y observer… les cascades – à sec malheureusement en novembre – et traverser la belle vallée du Douctouyre.
Distance : 15 kilomètres
Dénivelé : 700 mètres
Roquefixade, à la découverte du pays d'Olmes
À peine arrivé au village, je fais quelques pas pour trouver une zone herbeuse ombragée aménagée avec des bancs. Un joli petit coin pour se poser et rêvasser, face à un panorama absolument magnifique : au nord-ouest, les ruines du château dominent le village au sommet d’un impressionnant éperon calcaire. Constatant déjà la beauté de la vue depuis le village, j’imagine aisément à quel point cela doit être splendide vu d’en haut.
Vers le sud, la vallée de Lesponne s’ouvre devant moi. Des petites montagnes arrondies, caractéristiques du piémont ariégeois, succèdent aux prairies parsemées de feuillus aux couleurs chaudes. Et du sud-ouest au sud-est, les hauts sommets pyrénéens se dévoilent : notamment le pic des Trois Seigneurs, et le massif du Montcalm que je distingue à peine mais qui, du haut de ses 3000 mètres, a déjà revêtu son habit d’hiver. Enfin, plein sud, les monts d’Olmes précèdent le massif de Tabe, parsemé de pics attirants : le mont Fourcat (2001 m), le pic du Han (2074 m), le pic de Saint-Barthélémy (2348 m) et le Soularac, point culminant du massif à 2368 mètres.
Il me tarde d’aller explorer les ruines de ce château que je connais de nom uniquement, mais qui figure parmi les vestiges cathares les plus majestueux. Je me sens tout petit au pied de cette falaise ! Je pars donc à l’assaut de ce rocher, en traversant tout d’abord une partie du village. J’arrive très vite sur un chemin où des panonceaux indiquent un peu partout le château.
Une table d’orientation se trouve sur le chemin de la montée, m’aidant à prendre mes marques avec les sommets tout autour de moi. Massif de Tabe, Pique Rouge de Bassiès, massif des Trois Seigneurs et de l’Arize, je prends note des quelques pics déjà bien visibles. Mais je me doute qu’une fois au château, la vue sera encore plus grandiose ! Je passe littéralement au pied de la falaise avant de rencontrer une première intersection. Différents sentiers se séparent déjà, certains vont vers le château de Roquefixade alors que d’autres filent dans les bois.
Roquefixade, château cathare aux mille ans d'histoire
Je prends bien-sûr la direction du château et grimpe les pentes herbues, légèrement glissantes. En levant la tête, je découvre avec stupeur la domination de l’édifice sur tous les environs. Une partie du donjon, accrochée à son rocher, m’impressionne : En dessous, c’est le vide ! Et si la végétation a recouvert une partie du piton rocheux, elle contraste fortement avec la rudesse des pierres assemblées pour fonder une véritable forteresse.
J’accède à l’intérieur du château de Roquefixade par une entrée où ne persistent que quelques pans de murs de la première enceinte, et j’atteins rapidement une première cour. Il est conseillé d’être bien chaussé pour visiter les ruines, l’entrée est en effet glissante par endroits. Et le vide n’est pas si loin ! Le donjon, à droite, est un peu plus haut. Pour le moment je reste dans cette première enceinte et file observer, à l’une de ses extrémités, un vaste panorama sur la chaine pyrénéenne.
Wahouuuu !
Même si je ne compte pas m’arrêter à ce simple point de vue aujourd’hui, et à la visite des ruines, je conçois qu’elle puisse se suffire à elle-même : une superbe découverte historique et une vue à couper le souffle, cela pourra déjà ravir la plupart des promeneurs ! Une trentaine de minutes suffit d’ailleurs à y accéder depuis le village.
Au premier plan, l’automne recouvre les forêts ariégeoises de splendides coloris, du rouge au vert, en passant par le jaune et l’orangé. Plus loin, les pentes découvertes des sommets laissent apparaitre quelques restes des chutes de neiges des dernières semaines, dont il ne reste plus grand chose sur le pic des Trois Seigneurs (plein centre) ou le pic de la Journalade. Un ciel bleu parsemé de quelques nuages vient parfaire ce tableau naturel étonnant et absolument magnifique !
Je multiplie les clichés du donjon, qui domine la cour et est la partie la plus impressionnante du site. Elle était sécurisée par une porte, dont on imagine facilement l’emplacement sur la gauche. Néanmoins, je ne pourrai en voir plus : pour raison de sécurité, le donjon est fermé au public. Une étude archéologique et architecturale est en effet en cours, avec pour objectif la restauration, la sécurisation et la mise en valeur des ruines du château de Roquefixade.
Difficile de savoir où donner de la tête face à tant de beauté ! La photo ci-dessus montre l’ensemble de la cour, où il est possible de se balader. Remarquez à quel point le donjon s’impose dans les paysages du pays d’Olmes !
L’existence du château est attestée depuis l’an 1034. Au Moyen-Âge, les seigneurs de Pailhès, qui soutiennent le mouvement cathare, tiennent cette place forte. Lorsque la croisade contre les cathares, aussi nommés Albigeois ou Parfaits, fait rage, le château leur sert de refuge. Mais en 1212, il est finalement pris par Simon de Montfort. Le village est incendié.
Le château de Roquefixade changea ensuite régulièrement de mains, et fut largement remanié. Il fut détruit en 1632 sur ordre de Louis XIII.
Roquefixade, une forteresse au panorama extraordinaire
Je reste un long moment sur les lieux, à imaginer les scènes tragiques qui se sont déroulées ici, et peine à quitter des yeux l’éblouissante chaine des Pyrénées. Les sommets, aussi nombreux soient-ils, semblent m’appeler. Pourtant, j’ai déjà eu le bonheur d’en gravir quelques uns, à l’image du pic du Montcalm (3077 m) ou du pic d’Estats (3143 mètres, point culminant de l’Ariège et de la Catalogne). Ou encore du pic des Trois Seigneurs, un splendide balcon sur la haute chaine ariégeoise.
Je crois que le paysage se passe de commentaires… Le ciel bleu, la neige sur les sommets, l’automne qui recouvre la forêt, le tableau est tout simplement parfait…
Néanmoins, je n’ai pas prévu de passer toute ma journée ici (il n’aurait pas été utile de me forcer pourtant !) et je vais donc reprendre mon chemin. Non sans un dernier regard sur le village de Roquefixade, au pied du gros caillou sur lequel repose le château, et sur le massif de Tabe, entre l’ombre et la lumière.
Mais ce qui m’attend me réjouit d’avance ! Car je ne quitte pas brutalement ce site éblouissant : Je commence juste par prendre un peu de hauteur et de recul. Direction le plateau de la Calm, que j’atteins par une courte grimpette, pour finaliser ma découverte de ce qui est majoritairement l’œuvre de la nature, simplement adaptée par l’homme pour ses besoins de défense. Un tableau tout simplement extraordinaire !
Les ruines du château de Roquefixade, fixées sur leur ilot calcaire, s’imposent comme un formidable premier plan à ce paysage vaste, varié et teinté de milliers de nuances de couleurs. En arrivant à ce point précis, j’ai posé mon sac, me suis assis, presque ému devant tant de joliesse, et j’ai passé plusieurs minutes à contempler ce qui m’entourait. Comment faire autrement !
Vers l’ouest, la plaine, arrosée par de multiples petits ruisseaux, mène tout droit vers la cité de Foix, située juste derrière le pic de l’Aspre (à droite sur la photo ci-dessous) et la forêt de Pech. La vallée se devine bien, ouverte vers les stations de ski les plus connues de l’Ariège et vers l’Andorre.
Je m’éloigne quelque peu du château, et me retourne une dernière fois avant de plonger en forêt pour la suite de ma randonnée. La montagne de Tabe, éclairée par un doux soleil d’automne de fin de matinée, propose ici un superbe arrière plan. À gauche (au sud-est), le pic de Soularac et le Saint-Barthélémy. Le Mont Fourcat marque l’extrémité ouest.
De Roquefixade à Roquefort-les-Cascades, une magnifique balade automnale en Ariège
Jusqu’à maintenant, je peux dire que j’en ai pris plein les yeux ! Mais ce n’est pas terminé : désormais, je vais suivre les jolis sentiers forestiers, sous les hêtres, châtaigniers et autres chênes aux multiples couleurs. Et à peine passé de l’autre côté du talus, juste après une intersection de sentiers… Je me retrouve à marcher dans les feuilles orangées, tombées à l’aide du vent qui doit sévir de temps à autre sur ces crêtes relativement exposées.
J’ai désormais la tête en haut : je ne cherche pas la lumière, comme peuvent le faire les arbres qui me dominent. Mais je m’émerveille des contrastes de couleurs offerts par la forêt qui sépare Roquefixade de Roquefort-les-Cascades, où je me rends, 300 mètres plus bas. Une fois n’est pas coutume, la première partie de ma randonnée est majoritairement en descente (une fois la grimpette au château passée, évidemment !)
Lorsque la dense végétation ne me recouvre plus, je découvre sur cette face nord les étendues forestières que je savais importantes dans cette partie du piémont qu’est le pays d’Olmes. Sous un chaud soleil de novembre, je descends un très beau chemin, qui cette fois porte un balisage GR® : je marche alors durant quelques kilomètres sur le GR® de pays d’Olmes.
Je quitte, un peu plus loin, les balises jaunes et rouges pour un sentier perpendiculaire descendant vers Roquefort-les-Cascades. Cette nouvelle vallée, où coule le Douctouyre, est très arrondie, plus intime, très différente de la vallée de Lesponne. Elle est aussi très ensoleillée, et elle sera un refuge agréable pour une pause pique-nique.
Mais avant cela, je fais un petit détour vers les fameuses cascades. Sans doute majestueuses lorsque alimentées par les pluies, elles étaient malheureusement à sec lors de mon passage : un filet d’eau sortait à peine de terre, alimentant un petit torrent un peu plus loin.
Reste que le site est une curiosité géologique : la cascade est composée d’un calcaire friable, le tuf, qui se dépose sur la végétation vivant sur la roche. Lorsqu’elle disparait, comme étouffée, elle laisse une accumulation calcaire poreuse qui rappelle une éponge.
L’endroit, exposé au nord, est particulièrement sombre, d’autant qu’une végétation luxuriante s’y plait beaucoup. Mais les formations géologiques valent le détour, la découverte est étonnante !
Après la rapide traversée du village, et le repas assis dans l’herbe comme en plein été, je reprends mon avancée sur de très agréables chemins, relativement plats, en longeant et en chevauchant plusieurs fois le torrent de la vallée. La pause au bord de l’eau, ne serait-ce que pour faire quelques photos, est appréciable : je suis dans un écrin de verdure tout simplement superbe.
Les chemins traversent ensuite des prairies verdoyantes et longent des bois eux-même très colorés. Je me réjouis de cette période où l’automne bat son plein. Moi qui peine souvent lors de cette période où la lumière se fait rare et les jours courts, je savoure aujourd’hui plus que jamais cette saison magnifique.
À ma gauche, s’étend un massif longiligne qui s’étend sur 65 kilomètres, quasi-exclusivement en Ariège, parallèlement à la haute chaine pyrénéenne : le Plantaurel. Lui qui culmine au pic de l’Aspre à 1011 mètres d’altitude, me montre son plus beau profil : de jolies falaises habillées de centaines d’arbres sur presque toute sa hauteur ! Je m’en détourne pour filer dans la forêt, justement, sous une magnifique arche naturelle.
Il est alors temps de lever un peu plus les jambes : c’est le début de la remontée vers Roquefixade. D’abord sur un sentier, puis sur une petite route goudronnée sans trafic. La pente n’est pas très difficile, néanmoins, après l’échauffement du matin vers le château, depuis le village, je n’avais quasiment pas grimpé : je dois me donner un petit coup de fouet. Je m’arrête pour dire bonjour à deux dadas sans doute ravis de vivre dans ce cadre magnifique !
Depuis l’intersection avec la route, je marche à nouveau sur le GR® de pays d’Olmes, en suivant les balises aux mêmes teintes que celles de l’automne : jaune et rouge. Et après 700 mètres environ de bitume, je m’enfonce à nouveau dans la forêt. Le balisage devient jaune. Il faut décidément avoir l’oeil !
Le bois de la Balme me séduit autant par ses couleurs que par ses sentiers préservés, humides et rocailleux, bordés de mousses. Un véritable petit paradis pour randonneur ! Je vis décidément une journée splendide.
Couleurs et lumières d'automne en pays d'Olmes
La fin de la montée m’apporte à nouveau de la lumière, alors que le soleil descend déjà, rapidement. Le ciel bleu réapparait, et le massif de Tabe également. Je me réjouis de retrouver ces paysages fascinants, entre piémont et haute montagne, entre forêts majestueuses et pics acérés. Je profite encore mieux des couleurs de ce secteur, en comparaison avec le panorama matinal : le soleil masquait alors en partie le paysage dans cette direction sud-est.
En regardant de plus près de ce côté est, je découvre également un autre éperon rocheux, distant d’une dizaine de kilomètres à vol de gypaète barbu, et qui abrita les tous derniers cathares avant leur reddition : le célèbre château de Montségur. Nombreuses sont les places fortes à avoir été défendues dans la région, et Montségur fut la dernière d’entre elles : les plus de 200 cathares qui refusèrent d’abjurer leur foi à l’issue de la reprise du château par les assaillants, après plus de dix mois de siège, furent conduits au bûcher…
Mais cela est une autre histoire, que je vous ferai découvrir lors d’une prochaine aventure !
Le soleil continue de descendre, les lumières se font désormais rasantes. J’approche du village de Roquefixade, foulant sur mes derniers hectomètres le GR®367. Je crois que les couleurs se font encore plus belles à cette heure de fin d’après-midi. Le massif de Tabe en son intégralité apparait à la sortie des bois, à peine surplombé de quelques cirrus. J’ai décidément vécu une journée de grande beauté, du début à la fin…
Et alors qu’un panneau m’indique que je me situe à 4h25 et 16.3 kilomètres de Montségur, je prends plutôt la direction du village de Roquefixade par un dernier petit chemin qui plonge déjà progressivement dans la nuit.
La traversée du village me fait à nouveau passer par sa place, où trônent une fontaine et l’église Saint-Jean-Baptiste. La lumière naturelle éclaire encore une partie de la place, mais surtout le château de Roquefixade et son imposant rocher fendu qui donna son nom au village (rocca fissada).
Je termine ma randonnée face au coucher du soleil, qui disparait dans le secteur du pic des Trois Seigneurs. D’étonnantes lueurs sur la petite aire munie de bancs, près du parking, viennent achever cette journée magnifique.
Et que dire des couleurs du soir sur la vallée de Lesponne ? Un tableau tout simplement extraordinaire !
C’est ainsi que s’achève ce riche reportage photo-rando autour du château de Roquefixade. Je crois que vous l’aurez compris, je fus touché en plein coeur par cette balade et cette journée en tous points magnifiques. L’Ariège et les Pyrénées m’ont une nouvelle fois donné à vivre un intense moment de bonheur face aux montagnes.
De quoi piétiner d’impatience à l’idée de repartir très vite en randonnée, par exemple vers Montségur – mais il y a tant d’autres choses à faire, à voir, à découvrir ! En attendant, pour en savoir plus sur l’histoire du catharisme et pour une autre idée de randonnée autour d’un site cathare, je vous propose de découvrir sur ce blog un article sur le château cathare de Lordat.
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À très bientôt pour de nouvelles découvertes !